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De la fin de la récession aux scénarios de sortie de crise.

Deux déclarations sont à retenir cette semaine. La première résulte d’un article d’Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI à paraître dans la publication de septembre de la revue « Finance et Développement ». Selon lui, la reprise économique a commencé « au niveau mondial, mais le redressement ne sera pas simple ».

La seconde émane du président de la Banque Centrale américaine, Ben Bernanke. Il a estimé, vendredi dernier, que les Etats-Unis avaient « évité le pire et a misé sur une reprise économique à court terme mais celle-ci sera lente à redémarrer ».

Après quatre trimestres consécutifs de baisse du Produit Intérieur Brut, un grand nombre d’économistes prévoient que la reprise de l’économie américaine arrive à la fin de septembre si celle-ci n’est déjà en cours.

En Europe, la conjoncture semble s’améliorer encore plus vite. La France et l’Allemagne ont annoncé une croissance de 0,3% de leur PIB au deuxième trimestre. Le Japon a fait mieux en publiant une estimation de croissance de 0,9% sur la même période.

Du reste, dés Juillet dernier, l’OCDE avait noté que les indicateurs composés avancés, pour le mois de juin 2009, montraient des signes plus soutenus d’amélioration des perspectives économiques comparés à ceux publiés le mois précédent. Pour la zone OCDE, l’indice composite avancé a augmenté de 1,2 point en juin dernier mais tout en restant inférieur de 5 points de son niveau de juin 2008, période d’avant récession.

Le début de la reprise des marchés boursiers partout sur la planète a commence fin mars, début avril (cf. l’article de l’auteur du 27 mai dernier « Les marchés parient sur la reprise économique »). Le sentiment des investisseurs s’est alors orienté vers un arrêt ou une réduction progressive des dégradations des statistiques économiques dans les prochains trimestres, permettant ainsi une stabilisation voire une amélioration des fondamentaux fin 2009 ou courant 2010. C’est précisément le scénario qui s’est réalisé et qui n’a fait que se confirmer tout au long de ces dernières semaines. Tous ces éléments expliquent largement le rally boursier auquel on assiste en cette fin d’été.

Une incertitude majeure demeure cependant : Quelle sera l’ampleur de la reprise économique en regard des contraintes qui pèsent sur sa solidité et sa capacité à se prolonger au-delà des aspects « techniques » (reconstitution des stocks des entreprises après un mouvement rapide et massif de déstockage au quatrième trimestre 2008 et qui s’est prolongé au cours du premier trimestre 2009).

L’importance des plans de relance des politiques publiques comme la prime à la casse dans l’automobile sont coûteux et ne peuvent être prolongés éternellement. L’accroissement massif des dépenses publiques s’est traduit partout dans le monde par une explosion des déficits publics de plus en plus insoutenables sans hausse des impôts.

Le second élément risquant de peser sur la solidité de la reprise réside dans la forte hausse du chômage, les entreprises ayant décidé rapidement d’ajuster leurs effectifs à la baisse de leurs carnets de commandes et la baisse de leur production.

Le soutien de la demande intérieure privée risque alors de freiner voire remettre en question l’impulsion initiale, générée par la dépense publique. La faiblesse de la progression des revenus salariaux et l’incertitude liée à la montée du chômage et la précarité pourraient représenter des handicaps à la poursuite de la consommation demeurée jusqu’à présent plutôt résistante.

Cette faiblesse de la demande intérieure ne devrait sans doute pas permettre, en France notamment, une reprise de l’investissement des entreprises, ceux-ci s’étant effondrés ces derniers mois. Le seul relais de croissance ne pourra alors provenir que de l’extérieur. C’est du reste sur ce moteur que compte l’Allemagne pour sortir de la récession, ses carnets de commandes à l’exportation s’étant regarnis ces dernières semaines en particulier ceux destinés, aux pays émergents, la croissance y demeurant relativement soutenue en particulier en Chine.

La compétitivité des exportations devrait donc dans les prochains mois demeurer une des principales solutions à la reprise des économies. La compétitivité devrait s’exercer grâce à une spécialisation opportune des produits exportés mais aussi à la compétitivité prix lié à la capacité de maintenir des monnaies nationales faibles (la dépréciation de celle-ci restant plus que jamais un outil stratégique de compétitivité commerciale). Les politiques monétaires en particulier américaines devraient demeurer largement accomodantes et le dollar à un niveau faible dans les prochains mois.

Dans cet environnement de sortie de récession, la reprise quasi générale des économies devrait s’avérer assez peu dynamique, en particulier en Europe et aux Etats-Unis, les risques de forte remontée des prix demeurant assez faibles, les pressions de la concurrence et la mondialisation continuant d’exercer des effets déflationnistes et ce en dépit d’une remontée des matières premières.(Cf. l’article de l’auteur du 18 fevrier dernier « De la planche à billet et des risques d’inflation »).

L’évolution des taux 10 ans des emprunts d’Etat de part et d’autre de l’Atlantique semblent en attester. On rappelle à ce sujet que début juin, alors que les signes de reprise économique commencent à se multiplier, le taux de l’OAT 10 ans cesse sa remontée à 4,05% après avoir atteint un plus bas à 3,30% fin décembre 2008 suite à la faillite de la banque Lehman Brothers (risque systémique de crise financière mondiale). Il initie depuis une baisse qui ramène son niveau le 20 Août dernier à 3,45% soit une baisse de 60 points de base par rapport au 05 juin dernier.

Il semble que bon nombre d’investisseurs continuent d’être prudents, privilégient la sécurité et ne croient pas à une reprise rapide de l’inflation. Il reste que l’importance de l’endettement public devraient les conduire à exiger des primes de risques plus importantes (hausse probable des taux longs) ou à migrer vers des actifs financiers plus risqués mais plus rémunérateurs, les actions de société par exemple, ce qui explique la faiblesse des volumes de transactions constaté actuellement sur les marchés boursiers mais aussi la vive hausse des cours cette semaine.

Alain BATROW le 23 Août 2009